Pina Bausch, 1983, ma première fois : Avignon, la Cour d’honneur du Palais des papes, Nelken. La moitié du public quittera la salle, bruits de pas sur l’acier et le bois des gradins, quolibets et toussotements gênés. J’étais fasciné : les milliers d’oeillets plantés là, au pied du grand mur, le sourire dans le regard des femmes lasses et langoureuses, pas forcément belles, mais toujours fort bien vêtues, l’accordéoniste à demi-nue qui s’avance seule au milieu des fleurs, les hommes en costumes sombres et robes viennoises, colorées jaune paille ou rose bonbon, tous marchent, cabriolent et gambadent, puis s’arrêtent de marcher, de danser, fixent le spectateur et nous racontent des bribes de leur vie, un jour, j’ai dit à Pina, en paroles, en langage des signes, en regards…
Pina Bausch vient illustrer la déliquescence de l’empire Europe, son agonie, la chute, elle documente l’ennui moderne, le nôtre ; elle est brillante et très sérieuse, les gens prennent peur, fuient.
Nelken deviendra une oeuvre culte, iconique. Alors les gens applaudiront, debout.
Je n’ai pas fait de photos ce soir-là, ou trop peu, ou de trop loin. J’en ferai, plus tard, beaucoup, chacune de ses créations, d’Ahnen en 1988 jusqu’à Wiesenland en 2009…
Pina Bausch vient illustrer la déliquescence de l’empire Europe, son agonie, la chute, elle documente l’ennui moderne, le nôtre ; elle est brillante et très sérieuse, les gens prennent peur, fuient.
Nelken deviendra une oeuvre culte, iconique. Alors les gens applaudiront, debout.
Je n’ai pas fait de photos ce soir-là, ou trop peu, ou de trop loin. J’en ferai, plus tard, beaucoup, chacune de ses créations, d’Ahnen en 1988 jusqu’à Wiesenland en 2009…
© Tristan Jeanne-Valès - Pina Bausch, Tanzabend 1. 1994