Une tribu-fanfare de Gitans serbes qui se cuivre l’âme et rigole, la chanteuse Fado dans les quartiers hauts de Lisbonne, yeux clos châle noir, un mur de pierre en Bretagne sous le souffle du kan ha diskan, les verres d’alcool fort qui s’échangent au fond d’un bar à Galway, à Porto, à Skopje, le chant flamenco qui chauffe la pierre chaude d’une arrière-cour à Séville, un joueur de flûte andin face à l’orage, tout au bord de son lac frontière : je photographie la musique.
On ne photographie pas la musique. On ne peut pas. C’est impossible.
Je photographie les gueules, le regard et les échanges de regard, les doigts serrés sur l’instrument, les mains qui claquent, la salive sur le bois noir de la flûte, la corde frappée et la peau animale des percussions. J’ai vu la plainte et le chant profond, la fierté brutale d’être là –photo–, la sueur de celui qui joue pour la nuit, pour moi, pour eux, pour lui.
La ballade est sans fin.
On ne photographie pas la musique. On ne peut pas. C’est impossible.
Je photographie les gueules, le regard et les échanges de regard, les doigts serrés sur l’instrument, les mains qui claquent, la salive sur le bois noir de la flûte, la corde frappée et la peau animale des percussions. J’ai vu la plainte et le chant profond, la fierté brutale d’être là –photo–, la sueur de celui qui joue pour la nuit, pour moi, pour eux, pour lui.
La ballade est sans fin.
© Tristan Jeanne-Valès - Gerry Commane, Irlande. 1998