Valère Novarina invente sa langue française. Il a pris les mots du langage, les a mangés, il les a avalés, digérés puis il en a façonné d’autres. Semblables, différents, probables et dissemblables, des mots et des noms propres. Novarina engendre sa langue, la compose, la peint. Il a écrit Le Discours aux animaux, l’a donné à André Marcon, lui a donné à dire. André Marcon l’a pris, l’a dit, a joué Le Discours aux animaux. 17 septembre 1986 : théâtre des Bouffes du Nord, l’ultime répétition avant le soir de la première, j’étais là, photographe de presse. La porte en bois, les murs à nu, l'arrondi vétuste des fauteuils hors d'âge, André Marcon en gabardine noire et grosses godasses bicolores, sa gueule de boxeur, la sueur sous la gabardine, sous la chemise blanche, le geste, les phrases sans fin des mots inventés, le choc, le charme de la brutalité.La voix des mots de Novarina.