Recharger, dévisser le court tube de verre sous le noir mat du corps de la cigarette électronique Justfog, changer la résistance, verser le goutte à goutte du liquide blond et la laisser s’imbiber, tout est pour moi lenteur et rituel, un rituel de pipe à opium inventé, doucement codé, l’identique et le minutieux des quotidiens addictés.
Je fume caramel tiède, vapeur couleur tiède, goût tabac, goût français, souvenir pâle de la gitane bleue. Le bel emphysème est là, à demeure, installé, pas de retour en arrière possible… Petites fioles disponibles sur pianotage ordinateur, Vega, ma griffe. Ou dans cette échoppe Ego V de la rue des Mathurins, grand Paris, neuvième arrondissement, à deux pas de la gare Saint-Lazare. C’est tout proche, je suis normand, je passe, c’est commode…
Les Mathurins. L’ordre des. Fondé il y a mille ans par un Saint Jean quelconque, oublié.
Mathurin, j’aime le mot, je le garde, j’en ferai mon prénom. Un prénom ancien, un prénom moyen âge, peu usité mais qui porte beau, le vieux style.
Ou alors, plus loin, autre part, dans les grands vents, l’hôtel des Mathurins, à Brest ou à Cherbourg, villes portuaires et pluvieuses, villes de mer, d’où peut-être embarquaient ces moines mathurins, qui après avoir extirpé maint chrétien des geôles maures, s’en allèrent sauver les âmes des enfermés, des forçats, des damnés là-bas, de l’autre côté de l’Atlantique. L’hôtel des rendez-vous illégitimes du couple illégitime. Des après-midis de sexe et de paroles graves ou enjouées, des après-midis en ombre, frôlements et regards, accidents de lumière sur les nus de la peau. Plus tard, nous irons partager carafes de vin et alcools forts, dans les tiédeurs rouges du bar de nuit, toujours le même, sur les quais. Et sous le regard bienveillant de l’affable serveur, toujours le même, nos corps gourds resteront embués des humeurs de l’amour physique.
Je fume caramel tiède, vapeur couleur tiède, goût tabac, goût français, souvenir pâle de la gitane bleue. Le bel emphysème est là, à demeure, installé, pas de retour en arrière possible… Petites fioles disponibles sur pianotage ordinateur, Vega, ma griffe. Ou dans cette échoppe Ego V de la rue des Mathurins, grand Paris, neuvième arrondissement, à deux pas de la gare Saint-Lazare. C’est tout proche, je suis normand, je passe, c’est commode…
Les Mathurins. L’ordre des. Fondé il y a mille ans par un Saint Jean quelconque, oublié.
Mathurin, j’aime le mot, je le garde, j’en ferai mon prénom. Un prénom ancien, un prénom moyen âge, peu usité mais qui porte beau, le vieux style.
Ou alors, plus loin, autre part, dans les grands vents, l’hôtel des Mathurins, à Brest ou à Cherbourg, villes portuaires et pluvieuses, villes de mer, d’où peut-être embarquaient ces moines mathurins, qui après avoir extirpé maint chrétien des geôles maures, s’en allèrent sauver les âmes des enfermés, des forçats, des damnés là-bas, de l’autre côté de l’Atlantique. L’hôtel des rendez-vous illégitimes du couple illégitime. Des après-midis de sexe et de paroles graves ou enjouées, des après-midis en ombre, frôlements et regards, accidents de lumière sur les nus de la peau. Plus tard, nous irons partager carafes de vin et alcools forts, dans les tiédeurs rouges du bar de nuit, toujours le même, sur les quais. Et sous le regard bienveillant de l’affable serveur, toujours le même, nos corps gourds resteront embués des humeurs de l’amour physique.