Cet homme est amoureux des arbres, j’en suis sûr. Il regarde la forêt, il connaît les arbres, il se promène, voit les branches, voit une branche, elle est pour lui ; elle est chez lui, il la regarde encore, prend son temps. Puis il sculpte. Pierre Michon sculpte les mots, la langue française, les phrases, l’agencement des mots. Il choisit, ordonne, dégraisse, il avance. Il part de la branche, en fait tenons et mortaises, des os d‘ébène ciselés. Imperceptibles les coups de la gouge, les marques du couteau, ses livres sont maigres et magnifiques. Cet homme est têtu, opiniâtre, en duo avec la branche, avec l’écorce et la sève, avec le bois du mot. Le suc.