Je travaillais alors sur l’idée du Phénix. Pour un livre, un livre à venir. Des quatre chapitres que j’avais décidés, trois étaient achevés : le premier et le quatrième, Traces et Le Temps, longs paysages en noir et blanc, les laves cordées sur l’ île de la Réunion, au pied du Piton de la Fournaise, le Landmannalaugar volcanique ou voluptueux de l’Islande en été, qui fait de l’obsidienne une roche-acier et, comme un point au milieu de cet axe d’antipodes, Tombelaine et l’eau de la Baie. La grande tempête de 1999 venait de m’y offrir troncs éclatés et marques du vent sur la tangue. Oxymores, le second chapitre, était un jeu à deux sur la nudité du corps –homme, femme– et la rudesse du minéral ou du végétal fané. La vie, le feu, la cendre, la mort, la vie. Me manquait l’incarnation de l’oiseau mythique : Envol, le chapitre 3. Je demandais à Blanca Li, elle accepta. Dénudée, parfois couverte d’un long châle blanc, la chorégraphe au corps de divinité andalouse dansa pour moi cet envol, tout en angles sensuels. Plus tard, Pierre Michon, en contrepoint des images, me livrerait ses propres versions du Phénix.