Rien à dire.
Je scrute l’inutile. Je suis du côté des morts, des morts à venir, des morts bientôt. J’aime l’érosion, j’aime la trace, le bruit de fond du temps qui passe. Je ne photographie pas la vie, je photographie la mort, la mort qui vient, qui est déjà là, à l’oeuvre dans les gestes, le mouvement, sur les visages, sur les mains. Je photographie la limite de l’épopée, je la fixe et puis je la regarde. Juste avant l’oubli, je documente la frontière.
Un rien dégondé, je chaloupe le trop-plein de mes ivresses et des cigarettes fumées, spectateur paresseux de ma propre disparition. Un peu d’eau sur le front peut-être, pour faire face au miroir.
À deux tables de là, une femme conquise sourit à l’homme, promesse de lourdes copulations, mais qui tardent un peu, selon lui, selon elle. Le temps du bar, le temps des cocktails partagés… Au cinquième Talisker, je partirai, je m’en irai distiller l’alcool en mots ; au creux de la nuit, j’attends-j’espère ces instants prodigues : la parole avance aveugle et se perd, j’aime l’ombre de ces nuits-là. Et les verres ambrés où le paisible est conjuré. Aux mots je joindrai une photographie, j’ignore encore laquelle, c’est le jeu.
Écrire: il est temps, il est grand temps, il est tard. Passage lent au récit double, j’écris. Je choisis les mots, les images sont là, les mots viennent, j’attends-j’écris. Les photographies me hantent, les mots les posent. Pour un accouplement, une étreinte, un duo bref.
Je scrute l’inutile. Je suis du côté des morts, des morts à venir, des morts bientôt. J’aime l’érosion, j’aime la trace, le bruit de fond du temps qui passe. Je ne photographie pas la vie, je photographie la mort, la mort qui vient, qui est déjà là, à l’oeuvre dans les gestes, le mouvement, sur les visages, sur les mains. Je photographie la limite de l’épopée, je la fixe et puis je la regarde. Juste avant l’oubli, je documente la frontière.
Un rien dégondé, je chaloupe le trop-plein de mes ivresses et des cigarettes fumées, spectateur paresseux de ma propre disparition. Un peu d’eau sur le front peut-être, pour faire face au miroir.
À deux tables de là, une femme conquise sourit à l’homme, promesse de lourdes copulations, mais qui tardent un peu, selon lui, selon elle. Le temps du bar, le temps des cocktails partagés… Au cinquième Talisker, je partirai, je m’en irai distiller l’alcool en mots ; au creux de la nuit, j’attends-j’espère ces instants prodigues : la parole avance aveugle et se perd, j’aime l’ombre de ces nuits-là. Et les verres ambrés où le paisible est conjuré. Aux mots je joindrai une photographie, j’ignore encore laquelle, c’est le jeu.
Écrire: il est temps, il est grand temps, il est tard. Passage lent au récit double, j’écris. Je choisis les mots, les images sont là, les mots viennent, j’attends-j’écris. Les photographies me hantent, les mots les posent. Pour un accouplement, une étreinte, un duo bref.
© Tristan Jeanne-Valès - Vesturdalur, Islande. 1999