Le Bon Sauveur : un hôpital psychiatrique. Fondé dans les années 1800 par un abbé et sa cohorte de religieuses, d’abord en charge de réformer les femmes débauchées, il accueillera bientôt déficients mentaux, sourds-muets, jeunes filles orphelines ou bâtards consanguins, clochards hallucinés et alcooliques en fin de vie.
C’est une ville dans la ville. On a peine à imaginer, derrière les hauts murs, cette ferveur de congrégation et la rudesse à l’oeuvre, toute aux ordres du dieu chrétien.
Le Bon Sauveur deviendra plus tard CHS puis EPSM. Peu importe : pour tous, ici, c’est le B-S, la folie et la peur de la folie.
Les murs sont en pierre de Caen, une pierre tendre, nous ne sommes pas au pays du granit. Un calcaire blanc qui vieillit vite, s’effrite, se colore en jaune nicotine, en verdâtre, mais résiste. Des générations d’enfermés y ont gravé leurs noms, des initiales, des dates, des visages, des sexes, des griffures, des soupirs : leurs mots, leur labyrinthe. Chaque entaille porte en elle son fantôme, malade, grinçant . Pas d’explication : les secrets sont tus, le cri est anonyme, la mémoire est close.
C’est une ville dans la ville. On a peine à imaginer, derrière les hauts murs, cette ferveur de congrégation et la rudesse à l’oeuvre, toute aux ordres du dieu chrétien.
Le Bon Sauveur deviendra plus tard CHS puis EPSM. Peu importe : pour tous, ici, c’est le B-S, la folie et la peur de la folie.
Les murs sont en pierre de Caen, une pierre tendre, nous ne sommes pas au pays du granit. Un calcaire blanc qui vieillit vite, s’effrite, se colore en jaune nicotine, en verdâtre, mais résiste. Des générations d’enfermés y ont gravé leurs noms, des initiales, des dates, des visages, des sexes, des griffures, des soupirs : leurs mots, leur labyrinthe. Chaque entaille porte en elle son fantôme, malade, grinçant . Pas d’explication : les secrets sont tus, le cri est anonyme, la mémoire est close.

© Tristan Jeanne-Valès - Le Bon Sauveur, Caen. 2005