Au mois de décembre 1984, Keith Haring survole l’Atlantique. Le 18, il est à Paris, à l’ARC, au Musée d’art moderne. Il y sera bien entouré : sont présents Combas, Blanchard, Boisrond, Di Rosa et Di Rosa, Crash ainsi que Tseng Kwong Chi et Louis Jammes. Seul Basquiat n’est pas là. L’exposition est collective, elle s’appellera 5/5 Figuration Libre France/USA. Pas un n’a trente ans, ils sont géniaux et brouillons, ils déroulent leurs toiles et débordent de partout: les murs, les cages d’escalier, les portes, les couloirs… c’est un joyeux bordel graphique, ils sont au seuil de la gloire. Je les regarde, je les photographie, gourmand.
Le 20 décembre, Haring est dans le métro, station Alma-Marceau. Le Musée lui a réservé l’espace vierge d’un panneau publicitaire. Il se prête au jeu, passe la matinée à saturer le rectangle blanc de ses petits bonshommes empilés, gros traits noirs au marqueur noir, les gens circulent, ralentissent le pas, observent, s’intriguent ou s’en foutent, vont leur chemin, photos… Il graffe, il tague, il trace, il dessine, s’arrête parfois, regarde, se regarde, reprend, ajoute, vite. Puis la signature : dec. 20 1984 Paris K.Haring. C’est fini. Il est parti. Il s’en va, de la musique plein la tête.
Au printemps 2012, le grand dessin est présenté par ce même Musée d’art moderne lors de l’exposition Keith Haring, the political line : il y manque la signature, découpée par un inconnu, dans le métro, quelques heures plus tard, ce 20 décembre 1984 (pas facile de s’enfuir avec un quatre mètres par trois…) Sur le quai Alma-Marceau, tapissé pour l’occasion de reproductions de ses œuvres, une seule photo de lui : celle-ci ; l’instant photographié presque trente auparavant y est repris en affiche.
Le 20 décembre, Haring est dans le métro, station Alma-Marceau. Le Musée lui a réservé l’espace vierge d’un panneau publicitaire. Il se prête au jeu, passe la matinée à saturer le rectangle blanc de ses petits bonshommes empilés, gros traits noirs au marqueur noir, les gens circulent, ralentissent le pas, observent, s’intriguent ou s’en foutent, vont leur chemin, photos… Il graffe, il tague, il trace, il dessine, s’arrête parfois, regarde, se regarde, reprend, ajoute, vite. Puis la signature : dec. 20 1984 Paris K.Haring. C’est fini. Il est parti. Il s’en va, de la musique plein la tête.
Au printemps 2012, le grand dessin est présenté par ce même Musée d’art moderne lors de l’exposition Keith Haring, the political line : il y manque la signature, découpée par un inconnu, dans le métro, quelques heures plus tard, ce 20 décembre 1984 (pas facile de s’enfuir avec un quatre mètres par trois…) Sur le quai Alma-Marceau, tapissé pour l’occasion de reproductions de ses œuvres, une seule photo de lui : celle-ci ; l’instant photographié presque trente auparavant y est repris en affiche.
© Tristan Jeanne-Valès - Keith Haring, Paris. 1984