Les feuilles dorées du ginkgo sur la tôle de la Saab noire, la touffe des agapanthes sèches au bout de leurs longues tiges, le magnolia presque nu, c’est l’automne, novembre est là, la nuit est claire, froide comme l’amertume, j’écoute Saez.
Novembre anniversaire : six-six en vingt-vingt.
Vingt années argentiques, vingt années numériques. Le temps de l’arrêt, regarder l’accompli, prendre ce temps-là. Me le donner, se l’offrir. Cigarette… toute cigarette tue, toute cigarette allumée prouve que je suis en vie. À quoi bon le cendrier vide ?
Irlande, 1985. Ferry Galway-Aran. Le bruit vague des vagues très grises. Une pure nostalgie -qui est exil et douleur- de ce moment-là, précis. Ce pourrait être le tramp steamer d’Alvaro Mutis ou quelque cargo guerrier chez Hugo Pratt, mais nous sommes en Irlande, au milieu des années mille neuf cent quatre-vingts, la vie est rude et cet homme retourne chez lui, à Inish Mor, l’une des trois îles d’Aran, tout à l’ouest du continent Europe, face à l’Atlantique, face à l’immense. Il a les mains calleuses de ceux qui effritaient la pierre et la mêlaient au goémon, pour faire pousser la pomme de terre dans des crevasses, parce que c’est la seule façon, parce que c’était ainsi, parce qu’il vit là.
Novembre anniversaire : six-six en vingt-vingt.
Vingt années argentiques, vingt années numériques. Le temps de l’arrêt, regarder l’accompli, prendre ce temps-là. Me le donner, se l’offrir. Cigarette… toute cigarette tue, toute cigarette allumée prouve que je suis en vie. À quoi bon le cendrier vide ?
Irlande, 1985. Ferry Galway-Aran. Le bruit vague des vagues très grises. Une pure nostalgie -qui est exil et douleur- de ce moment-là, précis. Ce pourrait être le tramp steamer d’Alvaro Mutis ou quelque cargo guerrier chez Hugo Pratt, mais nous sommes en Irlande, au milieu des années mille neuf cent quatre-vingts, la vie est rude et cet homme retourne chez lui, à Inish Mor, l’une des trois îles d’Aran, tout à l’ouest du continent Europe, face à l’Atlantique, face à l’immense. Il a les mains calleuses de ceux qui effritaient la pierre et la mêlaient au goémon, pour faire pousser la pomme de terre dans des crevasses, parce que c’est la seule façon, parce que c’était ainsi, parce qu’il vit là.

© Tristan Jeanne-Valès - Irlande. 1985